C’est quoi le féminisme?
Le féminisme, c’est la reconnaissance qu’il existe encore des injustices envers les femmes et les minorités (ethnique, diversité sexuelle, religion, etc.) dans toutes les sphères de la société. C’est la défense des droits de tous les êtres humains et l’engagement à lutter contre tout type de discrimination. En fait, le féminisme c’est la solidarité envers toutes et tous. Le féminisme c’est l’ouverture à une autre dynamique, au respect et à la beauté de la différence. Donc, être féministe n’est pas synonyme d’être « contre les hommes ». Être féministe, c’est reconnaître la capacité des femmes à s’émanciper en (re)prenant le contrôle de leur vie. Pour de plus amples informations, la formation en ligne « Le féminisme, ça clique! » est disponible gratuitement au http://www.relais-femmes.qc.ca/FADAFEM/.
Pourquoi vous n’utilisez pas le mot « égalitarisme » au lieu de « féminisme »?
Remplacer le mot « féminisme » par un autre (égalitarisme, humanisme) c’est le couper de tout l’héritage politique, culturel et militant et de toutes les femmes qui se sont battues pour l’avancement de nos droits (ex. droit à l’avortement, la contraception, de signer un bail, de vote, conciliation famille-travail, etc.). C’est une erreur parce que parler d’humanisme, c’est mettre de côté la hiérarchie sociale qui existe et perdure aujourd’hui.
Aussi, le féminisme va bien au-delà de l’égalité entre les hommes et les femmes. En ce sens, l’égalité est un piège, car on peut facilement la ramener à des critères économiques et s’en contenter (salaire égal, accès aux conseils d’administration, aux mêmes postes de pouvoir, etc.). Cependant, les femmes et les hommes sont différents. De plus, le féminisme est beaucoup plus dans l’équité parce qu’il reconnaît que certaines personnes (comme les femmes et les minorités) sont plus vulnérables et sujettes à la discrimination. L’approche intersectionnelle nous rappelle que certaines personnes vivent une combinaison de diverses oppressions qui produisent une forme de discrimination individuelle. Par exemple, un homme gai peut être victime d’homophobie alors qu’une femme juive gaie peut souffrir d’homophobie, mais aussi d’antisémitisme et de sexisme.
Est-ce que le féminisme veut dire que toutes les femmes sont des victimes?
Non, le féminisme n’est ni un discours qui vise à dépeindre les femmes en victimes ni un combat contre les hommes. Le féminisme vise l’empowerment (pouvoir d’agir) de tous et toutes. Le féminisme reconnaît les difficultés et inégalités vécues par les femmes et agit envers la (re)prise de pouvoir. Le fait de revendiquer les inégalités a comme but de réduire la victimisation des femmes en trouvant des solutions par et pour les femmes ou minorités. Parler, échanger et encourager le discours sur les impacts des inégalités entre les sexes réduit le sentiment d’impuissance souvent associé à la victimisation. Ainsi, le féminisme propose d’éliminer les inégalités vécues par les femmes pour qu’elles puissent obtenir de meilleures conditions de vie leur permettant de s’épanouir et d’avoir un pouvoir sur leur vie.
Pourquoi intégrer une approche féministe dans un Centre de femmes?
Une approche féministe préconise les rapports égalitaires envers toutes celles qui fréquentent le Centre des femmes (ex. membres, intervenantes, participantes aux activités, conférencières, bénévoles, etc.). Cette approche favorise une prise de conscience des stéréotypes sexistes et une prise de conscience des causes sociopolitiques des problèmes rencontrés individuellement, comme but de déculpabiliser les femmes. Les intervenantes du centre soutiennent les femmes dans leurs démarches visant davantage d’autonomie afin d’acquérir plus de pouvoir dans leur vie. Au Centre des femmes, nous croyons que les femmes sont les expertes de leur vie. Ainsi, elles savent mieux que quiconque décider ce qui est le mieux pour elles.
À quoi ça sert un Centre des femmes? / Pourquoi un Centre des femmes est pertinent dans la MRC du Val Saint-François et la MRC des Sources?
Le centre des femmes est une ressource locale qui s’intègre au milieu. C’est un endroit d’appartenance où les femmes peuvent se regrouper, enrichir leur quotidien et prendre conscience des enjeux et problématiques qu’elles ont en commun afin de reprendre leur pouvoir sur ces aspects. Un centre des femmes sert à accueillir toutes les femmes de la région, quelque soit leur âge ou leur condition de vie. Nous offrons des occasions d’augmenter la capacité d’affirmation, de décision et de prise en charge des femmes. Le centre a pour mission d’informer et de se mobiliser sur des questions touchant la condition de vie et de santé des femmes.
Pourquoi référez-vous aux femmes comme des « membres »?
L’empowerment influence le choix des mots qu’on utilise. Au Centre des femmes Le point d’ancrage, on réfère aux femmes comme des membres plutôt qu’usagère ou cliente. La valeur véhiculée est que les membres ont un bagage d’expériences et de connaissances, donc elles détiennent des qualités, des aptitudes, des goûts et des aspirations. C’est la croyance que si une femme vit un présent difficile, on ne doit pas oublier ses réussites passées, ses luttes gagnées et les responsabilités assumées.
Pourquoi dites-vous qu’il existe encore des inégalités entre les hommes et les femmes au Québec?
C’est une très bonne question qui se résume plutôt difficilement. On peut facilement affirmer que les inégalités entre les sexes/genres sont encore très présentes dans notre société. La plupart du temps, ce n’est pas parce que vous ne côtoyez pas les inégalités dans votre entourage immédiat, ou que vous fermez les yeux sur elles, qu’elles n’existent pas. Par exemple, le « plafond de verre », c’est le constat qu’il existe un plafond invisible auquel se heurtent les femmes dans l’avancée de leur carrière ou dans l’accession à de hautes responsabilités, et qui les empêche de progresser aussi vite et autant que les hommes. De plus, sur le marché du travail, le revenu moyen des femmes en 2009 était de 23% inférieur à celui des hommes, soit près de 10 000$ de moins par année. À cela s’ajoute la monoparentalité qui est souvent attribuée aux femmes et qui contribue à augmenter les difficultés financières. On remarque encore une faible représentation des femmes en politique et dans les cheffes d’entreprise. Les femmes vivent plus de harcèlement au quotidien, de harcèlement sexuel, de discrimination, de stéréotypes sexuels, d’agressions et de violence (physique, psychologique, verbale, économique, sexuelle et spirituelle) que les hommes. En effet, dans environ 80% des cas de violence conjugale, l’homme est l’agresseur. Plusieurs barrières invisibles, formées par notre socialisation, augmentent les inégalités systémiques et les systèmes d’oppressions. Malheureusement, même avec les nombreuses avancées en matière d’égalité au Québec, ces enjeux demeurent importants.